Une question de communication ?

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Apparemment, vous êtes nombreu-ses-x à faire part de votre soutien aux jardins d'utopies auprès du Bureau de l'aménagement durable du campus, fossoyeurs de Jardins d'Utopies. Le discours officiel semble se mettre en place pour jeter le discrédit sur cette initiative autonome. D'après eux, malgré leur volonté de communiquer, nous serions injoignables, refusant tout dialogue, l'abscence d'interlocuteurs référents (chefs) et de structure juridique faisant de nous un "groupuscule" insaisissable.

C'est une longue histoire, entre la direction des universités et les jardins d'utopies ...

 

Quelques mois après le défrichage de la première parcelle, (durant le mouvement anti-cpe de 2006), une association a été créée, à la demande de la fac, qui souhaitait pouvoir avoir des interlocuteurs ... les jardins d'utopies occupaient alors une petite surface et la fac nous a plus ou moins laissé faire jusqu'au jour où elle a rasé pendant les vacances la parcelle de la galerie des amphis sans avis préalable, il y a deux ans (bravo la communication !!).

C'est cet évênement qui nous a poussé à dissoudre l'association, et à créer notre propre mode de fonctionnement, que nous jugeons plus approprié ... En réponse, nous avons également quadruplé la surface du potager, ce qui a moyennement plu à la direction.

Il est important de souligner que cette structure associative, interface du collectif, n'a en rien modifié notre organisation interne qui tend à l'autogestion et au respect de la parole de tous-te-s. Elle faisait toutefois peser sur certaines personnes une exposition juridique inutile tant que l'administration n'acceptait pas notre présence.

Mais les rapports avec Jean-François Vaillant et Claude Schartzmann (grosso modo les directeurs executif de l'aménagement et du développement durable) ne se sont pas arrêtés, contrairement à ce qu'ils veulent bien admettre !

Nous avons discuté longuement avec eux, à plusieurs reprises (plus de 3 H à chaque rencontre !!), cordialement ... nous ne sommes pas d'accord et il est difficile de trouver des points communs ... nous avons des visions du monde tellement différentes !

"La communication est impossible" semble signifier dans la bouche de nos dirigeants "ils ne veulent pas accepter notre point de vue" ... c'est un peu comme la réforme des retraites finalement : "la réforme a été mal comprise, il faut la ré-expliquer"... si on accepte pas, c'est parce qu'on est bête, enfin !

A quand une opération "d'acceptabilité" comme il est d'usage dans ce cas. Débats pipés, communication intensive...

L'autre problème, pour la direction, c'est qu'il y a autant d'avis que de jardiniers ... personne ne nous souffle une ligne politique : nous l'inventons ensemble à chaque rendez-vous ! ... la communication est donc "impossible" puisque nous avons l'outrecuidance de ne pas avoir désigné un interlocuteur particulier .

La situation actuelle est le résultat d'une vieille rengaine. Dès qu'une organisation libérée de la hiérarchie et de l'argent commence à s'implanter et à montrer que cela fonctionne, que non, ce n'est pas le bordel, le pouvoir tente d'abord de la récupérer, puis si ça ne marche pas, de la réprimer avant qu'elle ne fasse des émules. Nous sommes déjà dans le second cas, puisque le premier n'a pas marché, et c'est cela qu'ils nous reprochent.

En juin dernier, nos interlocuteurs nous avaient effectivement prévenu que le PRES (organe de direction qui rassemble les doyens des universités + les dirigeants des entreprises qui financent) voulaient faire de la place devant la BU une "esplanade conviviale à dominante verte", image d'un campus de l'"excellence et de l'innovation" et que nous n'avions pas notre place ! Divers griefs nous ont également été exprimés.

Ils nous ont donc demandé de monter une association pour avoir le droit de formuler au PRES une demande de mise à disposition d'un terrain de 2000 m² près de la piscine, c'est-à-dire au fin fond du campus, là où personne ne vient jamais.

Nous avons organisé une AG et la réponse que nous leur avons faite était la suivante : nous acceptions de faire des efforts esthétiques (cabanes, serres etc ...) et de créer une association en échange de quoi, nous voulions rester là où nous sommes et disposer d'un droit d'usage de 15 ans minimum (les pommiers, ça ne poussent pas en 6 mois !).

Cet accord a été rejeté par la direction, sans aucune forme d'explications ... depuis nous leur avons adressé un mail en leur demandant de nous tenir informé de l'avancement du projet de rénovation de la place ... silence radio ...

Là où nous sommes, nous y sommes venus de notre propre chef, dans la lutte des étudiants contre le CPE. Nous y sommes restés parce qu'il y avait des jardiniers et des gens solidaires, et que l'administration prend ce problème avec des pincettes de peur de voir revenir le temps des mouvements sociaux sur la fac. Aller où ils concèdent de nous mettre c'est accepter des conditions qui ne sont que les leurs et qu'ils s'empresseront de décréter que nous ne les avons pas respectées. Le conventionnement, c'est aussi accepter le poid des "normes" toujours plus lourdes imposées aux associations et perdre cet idéal d'ouverture, de liberté et de gratuité. C'est aussi perdre cette dynamique de lutte qui fait que si demain nous étions 1000 jardiniers nous pourrions AUSSI prendre le jardin vers la piscine. C'est mettre la balle dans le camp de gens qui n'ont depuis 7 ans qu'une chose en tête, nous virer ou nous rendre invisibles et inopérants.

 

Pour information, si la direction de la fac veut communiquer avec nous, nous avons : une boîte mail, une boîte à lettres devant la cabane, un cahier et un rendez-vous hebdomadaire fixe ... c'est déjà pas mal, non ?

 

PS : Et quand on nous traite de "groupuscule politique" et qu'on voit qu'une petittion pour nous défendre atteint 700 signatures en 3 jours, on se dit qu'il est gros ton groupuscule, et que la diversité d'horizons de ses signataires prouve à quel point l'initiative est soutenue tant par les étudiants et enseignants, que par des paysans, des retraités, des travailleurs, des précaires... Les Jardins d'Utopies ne sont déjà plus une utopie.

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